
" J'ai écrit pour satisfaire un sentiment de révolte suscité par deux expériences traumatisantes. Un premier choc est intervenu suite à la rencontre avec une adolescente du quartier qui avait été arrachée de justesse à un réseau de trafiquants d'enfants. La jeune adolescente qui avait été recueillie chez un ami, avait presque perdu la parole au point de devenir très méfiante de son entourage. À l’époque, j’avais demandé la collaboration d’un camarade de banc du lycée pour collecter des témoignages sur les expériences vécues par les enfants domestiques. Malheureusement nos petites enquêtes ne furent pas assez pertinentes pour constituer un recueil tel que projeté.Dissirama BOUTORA TAKPAToutes ces choquantes expériences me taraudaient encore l’esprit, lorsque je découvris au cours d’un matin d’octobre 98 non-loin de mon domicile, une fillette méditant sa souffrance sous une grosse poubelle qu'elle avait du mal à vider par la seule force de ses frêles biceps. Grand fut encore mon désarroi lorsque je remarquai que cette dernière ne demandait de l'aide à personne, pas même à un seul passant. Je fus touché et consterné face à la détresse de cette fillette qui semblait être trahie par toute une société. Ce jour là, j'eus envie de faire parler ces 'enfants sans voix '. Mais je n'étais encore qu'un étudiant qui s'efforçait de survivre avec ses maigres ressources. En faisant une introspection par la suite, j'ai compris que mon sentiment de révolte était né du fait que j'étais moi-même orphelin de père, et que dans ma société il suffisait parfois de perdre un parent pour se voir déshérité et spolié de tout. Le sort de ces pauvres enfants pouvait donc être le mien. Mais pour surmonter mon inexpérience d'alors et la résignation presque collective et complice de ma société, j'ai décidé d'écrire un roman dans lequel j'allais concentrer dans un seul personnage, toutes les misères et mésaventures vécues çà et là par ces enfants déshérités, à travers une technique de récit imaginée en la forme d'un journal intime personnifié ". En réalité j'avais cru en commençant l'œuvre, que mon personnage Adjo allait survivre aux événements. Je ne me suis rendu compte de son probable décès que vers la fin de la troisième partie. Me refusant cette dure réalité, j'ai reporté et repoussé à plusieurs reprises les dernières séances jusqu'au jour où je me décidai… "

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